Peuplée de fées, de lutins et de chevaliers, la forêt de Brocéliande, imaginée à la fin du XIIe siècle par le poète Chrétien de Troyes, est désormais assimilée à celle de Paimpont en Ille et Vilaine près de Rennes. Un site envoûtant entre landes et étangs où les personnages des légendes arthuriennes prennent vie pour le bonheur de ceux qui aiment se raconter des histoires.
Brocélien ou la sylve des contes et légendes de Bretagne
Si la forêt de Brocéliande n’existe pas en tant que telle, celle anciennement de Brocélien couvre un large territoire entre Ille et Vilaine, Morbihan et Côtes-d’Armor.
Surexploitée pour les besoins en bois de construction de la ville de Rennes et pour alimenter les plus importantes forges de Bretagne, la forêt est achetée en 1875 par un industriel nantais pour y organiser des chasses à courre au sanglier et au chevreuil.
L’immense territoire de près de 20 000 hectares appartient pour l’essentiel à des propriétaires privés autorisant les visiteurs à emprunter les sentiers de randonnée d’avril à fin septembre.
Deux forêts pour une seule et même légende
La variété paysagère de Paimpont est propice à la création de légendes autour de l’eau, la pierre et la forêt. Ici les boisements dits de la basse forêt peuplés de chênes, de hêtres et de trembles ont pris racine dans un schiste rouge proéminent et les landes dominées par la bruyère et l’ajonc sont le refuge de nombreux oiseaux : alouette, fauvette et engoulevent.
Aux abords des étangs, grenouilles et libellules investissent leur territoire de prédilection. Hormis l’hivernage pour les oiseaux, le site accueille de nombreux canards colverts, sarcelles et grèbes huppés pendant que d’autres, héron et grande aigrette, traquent sans relâche les poissons près de la rive.
Nénuphars et renoncules aquatiques ornent les eaux de l’étang du Pas du Houx, une fameuse zone de reproduction de la loutre d’Europe.
Dans la partie domaniale de la forêt, un chêne remarquable et exceptionnel par la forme de son tronc et de ses branches est l’un des plus vieux représentants de son espèce. Entouré d’un enclos de protection, l’arbre âgé d’environ 500 ans impressionne.
Le domaine de la fée Morgane, un site naturel exceptionnel
La maison de Viviane, le tombeau de Merlin l’enchanteur ou encore l’étang du Miroir aux fées font revivre les légendes arthuriennes et attirent des visiteurs du monde entier qui viennent ici s’imprégner de la beauté et de la magie des lieux.
Dès l’entrée du Val-sans-retour, les eaux vives et claires comme l’argent de l’étang du Miroir aux fées rappellent qu’ici 7 fées impitoyables ont puni l’une d’entre elles tombée sous le charme d’un humain.
Une autre légende raconte que près de l’église de Tréhorenteuc, Morgane retenait les maris infidèles. Amoureuse du chevalier Guyomard, elle surprend ce dernier en compagnie d’une jeune femme. Alors sous le coup de la colère, Morgane pétrifie les amants qui deviennent deux pierres liées l’une à l’autre appelées désormais le Rocher des Faux-Amants.
Les bulles magiques de la fontaine de Barenton
Perdue au fond des bois, la fontaine de Barenton a conservé tout l’enchantement d’un des sites les plus chargés de légendes.
Autour de ce simple bassin rectangulaire dont l’eau entre régulièrement en ébullition, Merlin l’enchanteur aurait rencontré Viviane. Un phénomène géologique étonnant, seul élément tangible accréditant la thèse selon laquelle la forêt de Brocéliande serait bien celle de Paimpont, les bulles magiques étant citées dans le cycle arthurien et autres documents historiques.
Cette fontaine aurait le pouvoir de guérir bien des maladies et d’apaiser les fous. Aujourd’hui encore de nombreuses offrandes sont déposées sur le rebord.
La forêt de Paimpont grâce à la beauté exceptionnelle de ses paysages détient le pouvoir suprême de réinventer des légendes ancestrales mythiques et réelles à la fois.