Avis aux randonneurs et aux amateurs d’histoires : les chemins de Yeun Elez, dans le Finistère, vous tendent les bras. Depuis maintenant dix ans, un sentier balisé de 140 kilomètres vous permet de profiter du lieu et de traverser de nombreux villages au patrimoine regorgeant de richesses. On vous en dévoile juste assez pour vous donner envie… et conserver un peu du mystère qui en fait la magie.
La naissance de la randonnée du Yeun Elez
La création de ce sentier balisé découle d’une volonté marquée de redynamiser le territoire en y amenant les promeneurs, et en lui rendant ses lettres de noblesse.
La première étape marquante de ce changement de trajectoire a été l’arrêt en 1985 de la centrale nucléaire de Brennilis (en démantèlement depuis, et ce, jusqu’en 2040). C’est une autre façon pour l’Histoire de laisser son empreinte dans la région, et pour les hommes de la redéfinir.
Le processus de la création de cette randonnée s’est étalé sur cinq ans, et permet de revitaliser des chemins de traverse, des tracés de vieilles voies ferrées aujourd’hui disparues et autres sentiers des écoliers. La boucle du Yeun Elez dynamise aujourd’hui toute la région des Monts d’Arrée, et permet aux villages avoisinants de conserver des commerces dont la maintenance serait autrement extrêmement difficile.
Des villages à ne pas manquer
En partant de Brennilis, et si vous souhaitez parcourir les 140 kilomètres de cette randonnée qui parcourt les vallées et tourbières avoisinantes, vous aurez donc la possibilité de visiter pas moins de huit bourgs. Chacun propose ses chambres d’hôtes pour accueillir les voyageurs et promeneurs, et trois d’entre eux bénéficient même du label « Communes du patrimoine rural en Bretagne ».
Le village le plus à l’ouest de la boucle du Yeun Elez, Lopérec, se dévoile dans toute son authenticité : l’église saint-Pérec et sa fontaine, le lavoir du Ponchou, ainsi que les maisons traditionnelles garantissent pour les promeneurs une visite inoubliable. Pour les plus audacieux, la grotte du Toul an Diaoul, ou « grotte du Diable », se visite également.
Le village de Saint-Rivoal se targue de pouvoir offrir aux marcheurs et visiteurs des curiosités historiques et architecturales précieuses : la présence du menhir de Rokinarc’h par exemple, frappé par la foudre en 1950 (aussi appelé Roche du Diable), ou la maison Cornec, un petit manoir de notable construit en 1702 et conservé dans son état d’origine pour une visite hors du temps. Les randonneurs peuvent enfin profiter de la situation idéale du bourg au coeur du parc naturel régional d’Armorique.
Une ambiance accueillante qui contraste fortement avec les légendes qui entourent le lieu…
La visite de l’Ankou
Pendant vos promenades, si vous levez les yeux sur les différentes façades des édifices religieux, il n’est pas rare d’y observer la figure de l’Ankou : le messager de la Mort, reconnaissable dans les légendes à sa faux et se promenant sur sa charrette dont les essieux grinçants signalent l’approche. Ce personnage du folklore breton aurait été aperçu par l’un des derniers propriétaires de la maison Cornec (mentionnée ci-dessus), qui serait mort une semaine plus tard, selon les dires de son voisin… Vous pouvez vous amuser à le retrouver ainsi régulièrement au gré de vos pérégrinations.
L’Elez, rivière des damnés
Elez, en vieux français, signifie l’Enfer. Le ton est donné, et les vastes tourbières du Yeun Elez se prêtent volontiers à l’exercice : l’Elez est la rivière des damnés, et les marais le lieu idéal pour se débarrasser des âmes troublées. Selon Anatole le Braz, un prêtre était appelé pour procéder à l’exorcisme, et transformait le revenant en chien noir. L’exorciste et le chien partaient ensuite pour un pèlerinage de presbytère en presbytère, pour atteindre enfin le Youdig, la bouche de l’Enfer, où l’âme pouvait être rendue au monde des morts.